L’ombre d’Eloïse – Extraits

Publié par Alain GAGNIEUX le 23 novembre 2015 dans la catégorie Histoires de famille, Première Guerre mondiale

L’ombre d’Éloïse

Enquête autour d’une fille de la Bresse comtoise – 1877-1962

Extraits

famillejeandot3Page 16 :

“Chaumergy, c’est avant tout pour moi le Coin du Bois.
Désigné ainsi à l’époque de mon enfance, c’est pourtant le seul nom de Sablonnière qui a traversé les siècles, depuis le plan cadastral napoléonien jusqu’à l’actuelle carte IGN. Et si l’on veut s’y rendre, il faut demander la rue des Promeneurs. On peut y voir encore la maison d’Éloïse.
Je ne saurais dire à quand remonte exactement sa construction. Toujours est-il que des actes notariés révèlent son existence dès le début du 19e siècle.”

Page 49 :

7_ombre“Désormais – qu’elle succomba au charme ou à la violence, ou qu’elle lâcha prise par naïveté, curiosité, lassitude ou désir –, il ne fait guère de doute que ce moment d’abandon va se payer au prix fort. Car l’enfant conçu hors mariage personnifie la faiblesse, la faute, voire le vice de la fille-mère (on dira plus tard “mère célibataire”). Du reste, celle-ci n’ayant plus d’honneur à préserver, ne va-t-elle pas se livrer à qui la veut puisqu’il semble que n’importe qui peut la prendre ? – ce que son fils devra s’entendre dire encore soixante-dix ans plus tard.”

 

Page 106 :

“Aussi était-on fier de lui : il avait fait son devoir à la guerre et avait gagné les galons de margis. Mais bien qu’il eût repris l’habit civil, Éloïse dut se rendre à l’évidence : son fils n’était plus le même (ne serait-ce que par sa façon de parler – le ton, le phrasé, le vocabulaire –, tout le monde sentait bien que Lucien n’était plus d’ici). Comme pour ses oncles Albert et Camille, des digues mentales avaient été rompues : si l’on voulait une vie meilleure – ou même survivre –, il fallait s’en aller !
Et alors qu’avec cette terre les ancêtres de Lucien avaient conquis leur dignité – celle du propriétaire-cultivateur qui a du bien à transmettre à sa postérité –, la Sablonnière n’était plus désormais qu’une glèbe dont il fallait s’affranchir, et le Coin du Bois un trou – voire une “fange” – d’où il était urgent et vital de s’extraire.

Voir aussi :

Espace auteur aux éditions L’Harmattan

Notice Lucien JEANDOT

Retours au Coin du Bois

Le 8 mai 1916, Maxence JANDOT est tué à Verdun

Histoires de famille

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