Développement de la banlieue bisontine après 1945 – 1

Les premiers programmes

Jusqu’ici, la banlieue bisontine s’est étendue comme dans un mouvement naturel, en tache d’huile, avec un penchant vers le nord, puis vers le nord-est. Un “second” Besançon s’est ainsi créé, étagé sur les versants et plateaux dominant le Doubs. Le mouvement va s’accélérer après 1945 avec une prédilection pour le secteur est (Palente-Orchamps).

Quartiers Palente et Orchamps (Ville de Besançon, J.-P. TUPIN).

Quartiers Palente et Orchamps (Ville de Besançon, J.-P. TUPIN).

Des percées extra-muros sur une plus grande échelle

Les constructions de l’entre-deux-guerres sont essentiellement des maisons individuelles. Jusque vers 1953, les implantations se sont faites au hasard des terrains libres. La poussée démographique d’après 1945 va conduire la municipalité de Besançon à chercher ailleurs les espaces nécessaires à l’édification d’un nombre plus important de logements. C’est à partir de 1950 que l’on commence à construire des immeubles collectifs sur une plus grande échelle.

De 1947 à 1956 : un grand effort de construction à Besançon [1]

Avec le recensement de 1946, on procède à l’inventaire des besoins locatifs. Or, on s’aperçoit qu’il est urgent de construire 3 000 logements neufs. Et compte tenu de l’accroissement naturel de la population et de la nécessaire destruction de certains taudis, on en a déduit qu’il faut anticiper les problèmes à venir par la construction de 5 000 logements.

Il est donc décidé de construire des immeubles collectifs groupés dans deux quartiers périphériques – Patente et Montrapon – reliés par une rocade sur laquelle pourraient venir se greffer de nouvelles zones industrielles. En dix ans à peine – de 1947 à 1956 – cet effort de construction aurait dû suffire à résoudre le problème du logement à Besançon.

­Palente-Orchamps

L’armée accepte de vendre à la ville le polygone de Palente (l’État envisageait d’y installer une compagnie de 250 CRS).

En 1952 débute la première tranche de travaux engagés par le Comité régional du logement (CRL devenu SAFC en 1998), puis conjointement avec l’OMHLM à partir de 1954. Il s’agit de bâtiments de quatre étages avec toit à quatre pans.

De 1952 à 1956, 628 logements seront construits.

Palente en 2004 : Rue des Pervenches

Palente en 2004 : Rue des Pervenches

Palente en 2004 : rue des Géraniums

Palente en 2004 : rue des Géraniums

À partir de 1954, sur le même site, 70 maisons individuelles, dites des Castors, vont être construites – en s’aidant mutuellement à la construction de leur maison, employés et ouvriers vont pouvoir accéder à la propriété.

Le quartier d’Orchamps est créé pour compléter celui de Palente : 1 280 logements sont construits entre 1954 et 1957, puis 180 de 1961 à 1974, et encore 87 de 1975 à 1990. Il faudra attendre 1956 avant que la première école – Pierre et Marie Curie – soit construite, puis 1960 pour les écoles Jean Zay et Édouard Herriot, et c’est sur le terrain de la ferme Vuillemin que le lycée Pergaud sera édifié en 1962.

Montrapon

La ville achète la propriété Demangel dans le quartier Montrapon. 1083 logements sont construits entre 1954 et 1956. La Baume, les Montboucons, la Bouloie et l’Observatoire compléteront l’ensemble.

Quartiers de l’Observatoire, de la Bouloie, des Montboucons, de la Baume, de Montrapon, vers 1980.

Quartiers de l’Observatoire, de la Bouloie, des Montboucons, de la Baume, de Montrapon, vers 1980.

Situation du logement à Besançon à l’orée de l’année 1960

En 1957, 3 600 logements sont terminés et 2 400 sont en cours d’achèvement. Les prévisions sont dépassées : 6 000 logements représentent l’hébergement d’environ 25 000 personnes (taux d’occupation à l’époque : 3,9). La population de ces ensembles est alors aux deux tiers ouvrière, formée surtout de jeunes couples chargés d’enfants.

On avait souhaité créer des cités relativement autonomes, situées à 2 ou 3 km du centre, pas assez éloignées pour en souffrir, mais assez pour que s’imposent des réalisations immédiates de magasins, de services administratifs, de cabinets médicaux et dentaires. Or, la dépendance de ces quartiers va s’exprimer par un accroissement brutal du nombre de voyageurs transportés en autobus vers le centre ville. De 1954 à 1956, le nombre passe de 375 000 à 900 000 par an pour Montrapon, et de 45 000 à 400 000 pour Palente .

À la séance du conseil municipal du 18 novembre 1960, M. Minjoz reconnait que les cités ont été réalisées par tranches successives à Montrapon comme à Palente et que, dans l’urgence de loger les gens, on n’avait prévu ni centres médicaux-sociaux, ni écoles, ni foyers, ni salles de réunion…

Et encore, les déplacements pour le travail ont été limités par l’installation d’entreprises importantes aux portes des cités de Palente-Orchamps et Montrapon.

Déjà en 1954, puis en 1957, on pensait avoir résolu le problème du logement à Besançon. Le ministre de la Reconstruction et du Logement prévoyait qu’il n’y aurait plus de crise du logement en 1960 (La République du 20 février 1954).

Sur un total de 6 337 logements construits entre 1951 et 1960, le « locatif » se répartit ainsi [2] :

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Au début des années 60 : une 2ème vague de construction

Jusque vers 1960 les entreprises locales ne savent pas – ou n’ont pas les moyens techniques pour – construire des immeubles de plus de quatre étages. Les trois immeubles de douze étages de la cité Brulard (les « 408 » devenus les « 580 ») sont construits en 1961-1962 par l’Office Public d’HLM – ils constituent par conséquent une innovation. Suivent les “100” de Fontaine-Argent, les “316” de Fontaine-Ecu et les “304” des Clairs Soleils.

Besançon : quartier Brulard en 2004

Besançon : quartier Brulard en 2004 (A. GAGNIEUX)

Mais à Besançon, la pression démographique se fait toujours plus forte. Elle est la troisième de France après Caen et Grenoble. La population bisontine passe de 63 000 en 1946 à 95 000 en 1962, soit une augmentation de plus de 50 % en 16 ans.

Or, on a été trop optimiste. Un retard considérable a été pris : un déficit de 1 000 logements subsiste en 1960. On estime qu’en 1963 deux bisontins sur trois habitent encore des logements vétustes.

Besançon en 1963 - Etude sur le programme et la modernisation et d’équipement (rapport de synthèse SCET-SEDD).

Besançon en 1963 – Etude sur le programme et la modernisation et d’équipement (rapport de synthèse SCET-SEDD).

Besançon en 1964 - Densité de la population par quartier (Economies et réalités franc-comtoises n°72 - juillet-août 1964).

Besançon en 1964 – Densité de la population par quartier (Economies et réalités franc-comtoises n°72 – juillet-août 1964).

Notes :

1. Économie et Réalités franc-comtoises n°5, Juin 1957, p.126 – Archives départementales du Doubs, 1002PR.

2. G. DOUCET et G. JEUNET, Pour une meilleure connaissance de Besançon, Union des Familles du Doubs, Besançon, 1960, planche B5.

=> Développement de la banlieue bisontine après 1945 – Études et plans d’aménagement pour un urbanisme maîtrisé