La commercialisation

(d’après le témoignage d’Alex POUTHIER, responsable des ventes de 1939 à 1981).

L’activité principale des tissages d’Orchamps et de Dampierre a toujours été la fabrication et la vente de tissu écru dans des largeurs de plus en plus grandes : de 80 à 105 cm au début du 20e siècle, à 190 cm dans les années 1970.

En 1969, les tissages d’Orchamps et de Dampierre produisent en moyenne 600 000 m de tissus par mois, avec deux équipes de 8h/jour et une équipe de nuit pour l’encollage des chaînes.

On ne dispose que de peu d’éléments pour les années antérieures à 1935, sinon que dès 1931 l’entreprise orchampoise subit les conséquences de la Grande Dépression. Le TMO vend alors sa production de tissu écru à des fabricants transformateurs (calicots, croisés, cretonnes, satins, moleskines). Or, sur un marché textile anémié, la vente d’articles finis permettrait d’obtenir des marges plus rémunératrices. Aussi, le TMO organise-t-il des ventes au détail sur place à Orchamps ainsi qu’à Dole et à Besançon par l’intermédiaire de représentants. Le rôle de ces derniers consiste à grouper les commandes à leur domicile où les clients viennent en prendre livraison.

Il s’agit essentiellement des produits suivants: tissu pour chemises et lingerie, satins noirs et dégradés pour blouses, shirting (tissu de chemise ou blouse en coton), croisés finette et velours à côte, vêtements de travail en croisé ou moleskine bleue, cretonne pour draps, services de table de couleur (serviettes et nappes) damassées, satin édredon (rouge, jaune or, vieux rose, vieil or, grenat, vert, etc.), serviettes de toilette nids d’abeille, rondelette (torchons de cuisine avec une bande rouge en lisière), etc…

Malgré un arrêt au début de la guerre de 1939-1945, la vente au détail rencontre un certain succès pendant l’Occupation, tempéré toutefois par la répartition de points textiles. Elle s’arrête progressivement à partir de 1946, car s’étant mis à vendre en demi-gros aux détaillants le TMO ne pouvait continuer à “jouer sur les deux tableaux”. La vente touche alors une zone beaucoup plus étendue par l’intermédiaire de représentants à Dijon, Lyon, Marseille, Toulouse, Angers, etc. Le chiffre d’affaires atteint alors un niveau satisfaisant. Mais ces ventes en demi-gros s’amenuisent à leur tour à mesure que les clients trouvent des articles tout faits. En effet, la ménagère d’après-guerre perd l’habitude de confectionner.

Cependant, le cœur de métier des tissages d’Orchamps et de Dampierre reste la production de cotonnade écrue, et les principaux débouchés de cette production sont les suivants :

• les fabricants-transformateurs, qui font traiter les tissus écrus pour les revendre en demi-gros à des utilisateurs tels que relieurs, sacheries, fabricants de chapeaux, etc ;

• l’industrie : les câbleries, les fabricants de pneumatiques, les laboratoires pharmaceutiques (pansement, sparadrap), les confectionneurs (chemiseries, vêtements de travail en moleskine et en velours, vêtements de sport, vestes et gilets de chasse, vêtements de marins-pêcheurs), les fabricants de tentes, de bateaux pneumatiques, de tissus enduits (skaï) pour l’automobile et la maroquinerie,

• les services hospitaliers : l’Assistance Publique (client très important), les cliniques et les hôpitaux (cretonne avec fibre couleurs incorporées ou inscription tissée).

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