Il voulait un être un héros – Extraits

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Pourquoi Serge pencha-t-il vers le refus de l’ordre établi par l’Allemagne nazie et le régime vichyste ? L’annexion au Reich de l’Alsace et la proscription qui en résulta pour sa famille, nul doute que cela suscita en lui un fort sentiment antiallemand. Certainement faut-il retenir aussi le contexte du lycée au moment de son arrivée : là où il a bien fallu choisir son camp, entre maréchalistes, nazillons et rebelles à l’occupation allemande ; lorsque de concert avec quelques-uns de ses condisciples ˗ pénétrés de ce qui caractérise la jeunesse :  soif de justice et inconscience de sa propre mortalité ˗, Serge s’est laissé porter vers ce qui pour lui allait de soi : l’insoumission.

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Serge : La santé est excellente et le moral sans égal. D’ailleurs, la vie d’aventures que nous allons mener maintenant me plait énormément. Pendant quatre ans en France, en tant que FFI, nous faisions aux troupes allemandes une guerre de guérillas, d’embuscades et de guet-apens. Tandis que maintenant les rôles sont changés : je prends la place de l’occupant et les membres du Viet Minh deviennent les FFI. Cela change dans la vie, voyez-vous ?

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Comment en est-on arrivé là ?

La pulsion de mort a-t-elle contaminé les cerveaux insidieusement, sans qu’on y prenne garde ? Où a-t-elle fusé spontanément lors de la découverte de camarades ignoblement et affreusement mutilés ? Quoi qu’il en soit, comme l’écrit Alexis Jenni, la guerre produit des assassins à partir de gens qui n’auraient jamais battu leur chien. Alors, qui juger ?

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