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Dà Lat, dimanche 18 mars

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Le Vietnam d'Alain et Christine en 2012

Carnet de route

Dà Lat - Samedi 17 mars

 

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Notes et références

1. Le Vietnam est le deuxième exportateur de café après le Brésil.

2. Pour en savoir plus sur le café chom (ou cut chon), voir entre autres le site Cap-Vietnam : http://www.cap-vietnam.com/insolite/buon-me-thuot-special-cafe.html [consulté le 9 mai 2012]

3. Le Đỗi mỡi (la "rénovation") a été institué en 1986 par le gouvernement vietnamien. Réforme destinée à corriger les insuffisances du système de planification centralisée, le Đỗi mỡi marque l'ouverture progressive du Vietnam à l'économie de marché.

4. Moï (du caractère chinois man) est l'équivalent de "montagnard". Ce terme est employé par les Vietnamiens dans le sens de “barbare" ou de “sauvage”.

5. Silk Fashion Cuong Hoan, Nam Ban, Tél. 063.3852.338. Courriel : phamcuongsilk@yahoo.com

6. Voir notamment le récit de Laura NGUYEN, Mi BUI et Valentin PENOT (http://dalat2011.wordpress.com/2011/05/26/les-co-ho-une-minorite-a-l%E2%80%99ecart/) [consulté le 9 mai 2012].

Il  comporte des informations intéressantes sur cette ethnie installée dans les environs de Dà Lat.

7. D'après Le guide du routard du Vietnam, édition 2011 (p. 116) et Lonely Planet - Vietnam, édition 2011 (p. 330).

8. Chi Nhánh Công Ty TNHH Thành Bưới, 5 Lữ Gia à Ðà Lạt, tél. O633 540 540.

4 heures, premiers bruits de la ville.

6 heures 30, sous notre fenêtres : les commerçants ouvrent leurs étals, les balayeuses sont à l'œuvre, un petit chien au long poil gris fait les poubelles… Et les motos et les scooters sont de plus en plus nombreux à vrombir. Manifestement, ici plus qu’ailleurs, les Vietnamiens sont à deux roues ; pratiquement pas de voiture, hormis les taxis.

8 heures 30. Nos "Easy Riders" nous attendent devant l'hôtel. On démarre, Christine sur la moto de Tintin, et moi sur celle de Thái.

Première étape : la pagode Linh Quang.

Nous nous arrêtons ensuite sur une hauteur, face au mont Lang Biang (2 163 m). Au pied, le village de Lat. Nous avons devant nous un large panorama fait de cultures en terrasses. Dans ce secteur, de petites exploitations privées obtiennent deux à trois récoltes par an : oignons, brocolis, carottes, artichauts, fraises, radis, salades, haricots verts, tomates, kakis (l’été seulement). On utilise ici le fumier, alors que dans les grandes cultures - d’après Tintin - on trouve beaucoup d’engrais chimiques. Cependant, le bio gagnerait tout doucement un peu de terrain.

Notre guide nous explique qu'après la guerre les Vietnamiens avaient faim. Aussi l’urgence a-t-elle été de défricher la jungle pour cultiver du maïs et des patates douces (sur ces plateaux, il ne fait pas assez chaud pour le riz).

Après nous être dégourdi les jambes dans une pinède, nous visitons une pépinière de fleurs où l'on fait pousser roses et gerbara (une variété de marguerites), destinées à être livrées dans tout le Vietnam. Tintin nous dit que les fleurs permettent de mieux vivre que le maraîchage.

Nous enfourchons à nouveau les motos pour aller voir des champs de caféiers (1). C'est un "robusta" que l'on cueille à la main toute l’année. La fleur exhale un fort parfum proche du jasmin. D’après Tintin, le café est la principale source de prospérité de la région ; il se vendrait 200 000 (7 €) à 500 000 VND (18 €) le kilo. Quant au café chom (2), récupéré dans les déjections de civette, il se vend 300 $US le kilo ; nous aurons l'occasion d'en voir dans l'après-midi. À noter que la culture du café est tenue ici par des familles vietnamiennes, dont l'installation - après le Đỗi mi (3) - se serait faite au détriment des "montagnards" (4) que l'on aurait tout simplement expulsés.

Nouvelle étape : le village de Nam Ban dont les habitants sont venus de Hanoi en 1977. Ils cultivent le café et complètent leur revenu avec de petits travaux annexes. Certains ont réussi ainsi à sortir de leur pauvreté. D'autres non ; c'est le cas de la famille que nous allons visiter.

La maison où nous entrons est représentative de l'habitat des débuts du village [voir photos]. De l’intérieur, les tuiles sont apparentes ; mais il fait doux en hiver nous dit-on. La maîtresse des lieux a environ 35 ans. Je suppose qu’elle est veuve car elle vit avec sa mère et ses deux enfants ; autre indice, une photo de mariage et celle d’un homme d’une trentaine d’années sont placées sur l’autel des ancêtres. Notre hôtesse découpe devant nous des lamelles de bambous qu’elle utilise ensuite pour fabriquer des treillages à vers à soie. Le bambou est prélevé sur la route de Dà Lat à Ban Mê Thuột.

Un peu plus loin dans le village, nous entrons dans les locaux d'une entreprise de filature et de tissage de la soie (5).  Nous notons que chaque cocon de ver à soie livre 800 à 1 000 mètres de fil et qu'il faut dix cocons (brins) pour faire un fil.

Étape suivante : la cascade de l’Éléphant. Sur ce site, nous avons l'occasion de voir le tissage traditionnel de la soie. Tout à côté, la pagode Thàc Voi, avec la déesse aux mille bras et aux mille yeux.

C'est l'heure de déjeuner. Christine va pouvoir se reposer du coup de chaud qu'elle a pris en fin de matinée. Nos guides acceptent notre invitation mais préfèrent nous laisser seuls pour manger.

Nous reprenons la route pour une fabrique d'alcool de riz. On y "élabore" aussi le café chom. Plusieurs civettes sont en cage ; on nous prescrit de ne pas y mettre nos doigts car ces "bêbêtes" sont très agressives. Le café est stocké dans des sacs en toile. On nous le fait humer : ah oui, le café chom, c'est "quelque chose" !

Tintin nous dit que que la production de riz étant maintenant suffisante pour la consommation nationale, on peut avoir d’autres activités ; ce qui est le cas de cette petite exploitation familiale.

Étape suivante : un village de la minorité koho (ou co-ho), que je suppose être Tà Nung. 

Un homme de 60 ans environ nous accueille. Je trouve qu'il ressemble à Nelson Mandela. Dans sa cuisine, un cochon dort près du feu. A l’extérieur, un singe est attaché à une longue corde. Celui-ci nous fait toutes sortes de mimiques et se montre cependant très agressif.

L’homme parle un dialecte fort différent du vietnamien. Tintin assure la traduction.

Les Koho (6) viendraient de la région de Kon Tum, limitrophe du Cambodge et du Laos. Notre hôte serait arrivé ici vers 1960. Il dit avoir travaillé pour les Français et, en mon for intérieur, je suppose  qu'il est venu ici plus tôt, après la défaite des Français en 1954, afin d'éviter les persécutions du Vietminh.

D’après Tintin, ici c’était la jungle ; alors l’Etat a donné de la terre gratuitement aux nouveaux arrivants. Ces derniers ont cultivé du quinquina, remplacé aujourd’hui par un peu de café. Pendant la saison des pluies, les Kho cultivent du manioc, du maïs et de la patate douce. On ne trouve plus beaucoup d'animaux dans la région, sinon des singes et des sangliers.

Notre hôte dit être content de nous recevoir, car nous sommes français. Il prononce quelques mots dans notre langue, essaie de compter jusqu’à 10...

Les Koho, chrétiens majoritairement protestants, vivent selon un système matriarcal. Tintin nous explique que ces montagnards ne pratiquent pas le commerce comme les Vietnamiens, et que c'est pour cette raison qu'ils demeurent pauvres. En réalité, comme cela a été évoqué plus haut, ils ont été marginalisés par les planteurs de café. Et aujourd'hui, leurs revendications ne rencontrent qu'indifférence ou répression de l’armée (7).

Après un arrêt dans une petite entreprise de conditionnement de fleurs, nous terminons notre circuit avec la visite de la Maison folle (ou folie Hang Nga), œuvre de l'architecte vietnamienne Dang Viet Nga. 

Comme convenu, Tintin et Thài nous emmènent à la compagnie Thành Bưới (8) pour réserver nos places dans le bus de Can Tho. Une fois chose faite, ils s'apprêtent à nous reconduire à l’hôtel. Thài me tend donc mon casque… et part sans moi ! Il disparait dans le flot de la circulation. Tintin se dépêche de le joindre avec son téléphone portable pour lui dire de revenir. Thài lui répond que non ! Il ne va pas faire demi-tour puisqu’il est arrivé devant l’hôtel... Il ne s’est pas rendu compte que je ne suis pas sur sa moto. Fou rire ! Tintin nous jure que c’est la première fois que ça arrive.

Retour à l’hôtel. Nous sommes rompus après cette intense balade, alors repos.

Le soir, balade et grignotage au marché central. Décidément ce marché est impressionnant : immense et populeux, pleins d’odeurs, de cris…

Christine mange une patate douce qu’elle tient comme un cornet de glace. En la voyant, une femme vietnamienne, la quarantaine, est secouée de rire. Elle lui donne une petite tape sur l’avant-bras qui semble dire : « Arrête, tu es trop drôle, toi ! ». On rigole franchement, mais sans avoir vraiment compris de quoi.