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Bai Chay (Along), mercredi 7 mars

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Le Vietnam d'Alain et Christine en 2012

Carnet de route

Vers la baie d'Along - Mardi 6 mars

 

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6 heures 30. Heureux de quitter cette chambre d'hôtel qui suinte de partout malgré le ventilateur qui tourne sans discontinuer.

Nous rejoignons la gare routière à pied. Sur notre chemin, un homme plutôt âgé, grand pour un Vietnamien, se fige devant moi. Je lui fais un "bonjour" de la tête, en me penchant vers l'avant, comme il se doit ici. Mais lui, avec un sourire ironique, me répond par une inclinaison de la tête... de côté ! Peut-être aurions nous dû voir là un mauvais présage pour la journée...

Le bus pour Lan Son (à 123 km) est bien là. Nous sommes les premiers. Dans l'attente d'autres passagers, nous patientons plus d'une heure avant le départ.

A la sortie de Cao Bang, de petites rizières et des cahutes en bois, puis une route très encaissée. C'est la fameuse RC 4 (route coloniale n° 4) qui, pendant la guerre d'Indochine, permettait à l'armée française de contrôler le trafic entre la Chine (soutien du Vietminh à partir de 1949) et le Haut-Tonkin. Or, cette liaison de Cao Bang à Lan Son, propice aux embuscades, était couteuse en hommes et en matériel. Aussi, à l'automne 1950, l'état-major décida-t-il  d'abandonner cette position et d'évacuer Cao Bang. Ce fut un désastre militaire, notamment à Dong-Khé où sept bataillons français furent décimés par le Vietminh. En parcourant cette route, on se rend compte à quel point les colonnes françaises étaient vulnérables.

Au kilomètre 61, vers Thât Khé, séchage de l'anis sur le trottoir. Puis de petits silos en forme de champignons.

Vers le km 40, des travaux sur la route en surplomb d'une vallée encaissée où coule une rivière.

Arrivée à Lan Son à 12 h. Un chauffeur nous dit qu'il n'y a pas de bus pour la baie d'Along et qu'il faut passer par Hanoi. Nous croyons - à tort - à une entourloupe et nous nous laissons entraîner par un jeune homme vers un minibus en partance pour Along... C'est à partir de ce moment que les choses vont se gâter pour le reste de la journée. Nous avons affaire à deux petits combinards (un chauffeur privé et son auxiliaire), l'un à l'allure de play-boy, l'autre avec une tête de fouine et des yeux qui vous fouillent des pieds à la tête...

En résumé : une fois le bus en route, le second vient nous réclamer 1 000 000 VND pour les deux (37 €) , soit plus de cinq fois le prix normal (à titre d'exemple : 180 000 VND pour le trajet Cao Bang-Lan Son). Je lui fais comprendre que je ne suis pas d'accord et que nous voulons descendre... Il accepte finalement 700 000 VND, puis vient encaisser notre voisin. Cela était prévisible, le montant est nettement inférieur. Comme je l'interpelle en lui montrant les billets que l'autre lui tend, il me fait comprendre que ce client est d'ici, lui.

Notre vigilance s'était relâchée et nous avions oublié cette règle d'or : demander le prix avant de consommer. Toutefois, nous estimons que l'incident est clos et nous retrouvons progressivement notre bonne humeur.

Toujours la même anarchie sur la route, jamais un policier en vue ! Des travaux publics partout : routes, assainissement, ponts, grands ensembles d'habitations... Beaucoup de maisons avec le drapeau vietnamien. Puis des rizières où beaucoup de monde travaille au repiquage...

Et soudain ! Une femme assise au milieu de la chaussée, à contresens ! Nous n'avons que quelques secondes pour la voir tourner la tête de droite à gauche, comme pour se lamenter. Tout à coup, le chauffeur de notre bus se met à crier, ainsi que les quelques passagers de l'avant qui ont eu le temps de se retourner. Que s'est-il passé ? Un véhicule aurait-il écrasé cette femme ? Nous n'en saurons rien, car les mots échangés sont en vietnamien. En tout cas, cela ne semble rien changer au cours des choses. Le bus continue sa route comme si de rien n'était... Mais "Stupeur et tremblement " pour nous deux !

Cependant, il est évident que nous nous rapprochons de plus en plus de Hanoi ; ce qui n'était pas du tout envisagé au départ. Je profite d'une halte peu avant Bac Ninh pour consulter l'auxiliaire à la tête de fouine. Je lui montre la carte et lui demande de me confirmer que nous allons bientôt bifurquer pour prendre la direction de la baie d'Along. Il me répond par l'affirmative, mais avec un air sombre qui me laisse perplexe...

Mais alors que tout le monde est remonté dans le bus - nous compris - que vois-je à la portière ? : les deux acolytes, avec nos sacs, qui nous font signe de descendre. Celui à la tête de fouine me dit "Along, Along !" en tendant le bras vers l'autre côté de la route. Je me précipite vers lui, et je m'énerve à l'aide d'un anglais... très concis : "You, Along ! You !", en pointant l'index sur lui. Mais tous les deux ont déjà traversé la route avec nos sacs, en direction d'un second bus, arrêté là on ne sait par quel tour de magie. Un type en est descendu ; il a déjà pris nos bagages et nous hèle : "Along ! Along!". Pris de court, je monte dans le bus, suivi de Christine qui a eu la présence d'esprit de prendre les quelques affaires qui nous avions avec nous. Et ce bus "providentiel" démarre. On ne saura jamais comment il s'est trouvé à cet endroit et à ce moment précis. Mais bon, il va bien à Along, c'est le principal après tout. Toutefois, on vient nous réclamer 400 000 vnd pour le trajet Bac Ninh - Bai Chay... Je passe sur le détail de nos inutiles protestations.

Nous tentons de retrouver un semblant de bonne humeur et nous suivons le trajet sur la carte. Notre bus passe à Uông Bé, sur la route n° 18. Puis Bai Chay (Along) est indiqué à 29 km, puis à 17... Nous voyons enfin le bout du tunnel. Aussi, à quoi bon scruter cette carte ?

Mais vers 19 heures, alors que nous ne sommes plus qu'à quelques kilomètres du but, voilà que le car s'arrête ! Et qu'à nouveau on a descendu nos sacs sur le trottoir ! "Bai Chay, Bai Chay", nous dit l'auxiliaire du chauffeur, en nous montrant une direction bien improbable, puisqu'il fait nuit noire. Avec le recul, nous pensons qu'ils étaient de bonne foi et qu'ils ont cru nous rendre service en nous déposant là, à 1,5 km de Bai Chay, plutôt que de nous emmener au terminus. En attendant, nous ne savons pas où nous sommes, et la seule perspective qui s'offre à nous est une bretelle d'autoroute paraissant ne conduire nulle part. Bien sûr, trois motards sont là pour nous proposer de nous conduire à Bai Chay... Christine sur une moto, moi sur la deuxième, et les bagages sur la troisième... Mais à cette heure notre candeur a atteint ses limites, car ce "plan" ne nous dit pas grand chose... Et puis, arrive un taxi "providentiel", à qui je fais signe. Un des motards tente de me faire comprendre qu'avec le taxi ce sera beaucoup plus cher, 200 000 VND. Mais nous ne voulons pas l'entendre et nous montons dans la voiture. Á partir de cet instant nous nous demandons dans quelle situation nous nous sommes mis, car le chauffeur s'obstine à prendre la bretelle de l'autoroute à contresens. Et bizarrement, avec l'aide des motards qui partent en éclaireurs pour l'aider à passer. Mais ça ne marche pas ! Trois ou quatre fois nous revenons au point de départ en marche arrière ! Ça nous semble in-ter-mi-nable ! Et puis finalement, ça passe. Ouf !

En cinq minutes nous avons gagné Bai Chay. Le compteur marque 45 000 VND. C'est le prix normal ; je tends un billet de 50 000 VND au chauffeur en lui disant qu'il peut garder la monnaie. Mais il refuse mon billet ! Et naïvement ! bêtement ! je crois qu'il refuse mon pourboire. Mais non, ce n'est pas ça. Il sort de sa poche deux billets de 100 000 vnd pour m'indiquer le prix de la course ! Alors je lui montre le compteur qui indique 45 000. Il me fait "Non, non, non" de la tête, et secoue ses deux billets. Entre temps Christine est descendue pour récupérer nos sacs. Mais le coffre est fermé à clé ! Il ne nous reste donc plus qu'à sortir nos billets de 100 000 VND. En râlant, inutilement bien entendu.

Ensuite, trouver où dormir s'avère difficile dans la mesure où plus rien à Bai Chay ne correspond à ce qu'indique le Guide du routard. Nous tournons en rond près de trois quarts d'heures avant de trouver un hôtel tout à fait correct pour 12 $US, le Hoàng Lan, rue Vuòn Ðao, en face de la poste.

Bilan de la journée : un peu éprouvante.

Post-scriptum : Ici à Bai Chay, point besoin de moustiquaire, ni de "Protect Insect".